L'abbaye est fondée en 1109 par l'ermite Salomon, disciple de Robert d'Arbrissel, le fondateur de l'abbaye de Fontevraud. Grâce aux dons fonciers faits par Gautier de Nyoiseau, l'abbaye est édifiée sur les bords de l'Oudon.
Selon la volonté de Salomon, la direction du monastère est confiée à une femme venue de Fontevraud, Eremburge. Jusqu'en 1792, 38 abbesses, souvent d'origine noble, se succèdent à la tête de l'abbaye royale de Nyoiseau, la dernière mère supérieure fut Madame de Scépeaux.
Les protecteurs de cette abbaye furent des seigneurs et barons angevins, tels que Foulques V d'Anjou et le roi de Sicile Charles Ier d'Anjou.
Cette abbaye paraît se démarquer du monde monastique classique par la place première donnée aux femmes, et en même temps, par la présence de nombreux hommes cités comme ermites, tout comme Fontevraud.
NYOISEAU constitue une expérience beaucoup plus modeste que l’abbaye de Fontevraud, avec seulement une dizaine de prieurés.
Tous les prieurés ont fait l’objet d’une étude particulière, spécialement celle des LOCHEREAUX.
Les LOCHEREAUX constituent une entité forte et quasi autonome par rapport à l’abbaye-mère. Les moniales ont connu des débuts difficiles, conflictuels.
Un peu d’histoire pour mieux comprendre ces débuts difficiles….
Le seigneur de Trêves, Geoffroy Foulcroi, avait fait élever dans sa forêt, au sud-est de Milly, une chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste, avec demeure pour des religieux de Saint-Florent, qui ne purent s’entendre et la délaissèrent. Il en fit don alors à Saint-Maurice d’Angers et l’évêque Ulger, sur le refus des chanoines réguliers de l’Etoile, l’attribua à l’abbesse de NYOISEAU, qui s’engagea à y entretenir douze religieuses, en 1142. L’Abbaye de Saint-Florent réclama bientôt et en obtint la restitution solennelle, soit en 1159.
Après avoir été chassées du bois Herbaud, s’en vint une période de nomadisme. Il semblerait que les moniales se soient réfugiées au dolmen de la Madeleine à Gennes.
Les moniales ont eu une période au XIIe siècle de nomadisme à cause d’un conflit avec les moines de Saint-Florent qui avait récupéré le prieuré de Bois Herbaud où elles s’étaient fixées ; elles s’étaient réfugiées dans un dolmen, probablement celui de la Madeleine à Gennes ; et c’est ensuite qu’elles se sont établies à LOCHEREAUX.
Dans le recueil des actes de NYOISEAU, voici le contenu de l’acte 273 (1143-1148)
« Puisque dans les choses humaines, il n’y a nulle permanence, et que disparaît la mémoire des choses accomplies lorsque les hommes meurent, nous avons jugé bon de confier à la garde de l’écriture que Hamelin du Thoureil venant pour la prière à la petite chapelle de Pierre Couverte qui se trouve près de Gennes, le jour du Vendredi saint, donna en aumône aux moniales de NYOISEAU, chassées du Bois-Herbaud et qui s’étaient réfugiées en ce lieu, pour son âme et celle de ses parents, douze deniers du cens des hommes de Milly et en plus, sa propre terre que lui-même détenait aux LOCHEREAUX, et il concéda tout ce que là, en son fief, elles pourraient librement acquérir. Ce qu’ont vu et entendu : Guillaume du Bois-Herbaud, Laurent de Gennes, Bauger, chapelain dudit Laurent, Drogon ermite, Raoul Guitar, Simon de Thoureil et son épouse, ledit Hamelin ainsi que son épouse Dangereuse, Foulque son fils et Ursus son frère, qui concédèrent ce don, et Julienne, prieure, avec tout le couvent. Ledit Hamelin, avec sa mère, nommée Adenor, confirma ce don à Roche Neuve, en l’église, et le posa sur l’autel avec un psautier, et avec celui-ci investit l’ abbesse, avec tous ceux qui se trouvaient là. Landri Maçon donna aussi en aumône la dîme qu’il disait tenir en cette terre avant que ne fût béni le cimetière, et avec le même bâton la posa en la main de l’évêque. »
Après ces années d’errance, les moniales se fixèrent définitivement aux Lochereaux en Ambillou, aux environs de 1159.
Du prieuré et de son environnement immédiat, il ne reste plus rien de visible aujourd’hui.
Le domaine prieural des Lochereaux au XIIe siècle, à savoir les biens fonciers, les revenus et les droits, comprend quatre grands ensembles :
Concernant Gennes, le recueil des actes de NYOISEAU nous apprend :
Le Prieuré des Lochereaux possédait également des terres à BOUCHET, TREZAN et CHAPEAU.
Dans le registre sous la cote 251 H 2, trois aveux, rendus à la châtellenie d’Argenton par Madame l’Abbesse de Nyoiseau à cause de son prieuré de Lochereaux, le 18 septembre 1679, le 18 septembre 1697, le 16 août 1701, nous apprennent, parmi tous les biens cités,
Item, suis sujette de vous mon très honoré Seigneur à cause des rentes qui me sont dues pour raison des choses héritaux tenues de votre dite seigneurie d’Argenton de Gennes, par les personnes ci-après nommées, Guillaume CAILLEAU, René LEVEQUE, Jean DUREAU, Messire René GASTEREAU, Messire Jean DAVEAU, mari de Madeleine CHAUVET me doivent par chacun an, au jour de Saint-Denis, cinq boisseaux froment et deux boisseaux de seigle, requérable au village de BOUCHET, pour raison d’un quartier de vigne à prendre en plus grande pièce appartenant audit GASTEREAU, au lieu des GROIS…….aveu en date 16 août 1701 qui reproduit les mêmes biens des précédents aveux.
Dans le registre 251 H 19, figurent, dans la table actuelle du fief et seigneurie du prieuré des Lochereaux, membre dépendant de l’abbaye royale de NYOISEAU, déclarations, sentences, transactions et autres, depuis le 12 janvier 1600 jusqu’au 17 juin 1718, notamment :
Dans le registre 251 H 24, on découvre, dans la table du premier volume des titres du prieuré de Lochereaux sis paroisse de St Martin d’Ambillou dépendant de l’abbaye royale de Nyoiseau dont Madame Madeleine Josephine de SCEPEAUX est actuellement abbesse et prieure dudit prieuré de Lochereaux, lesquels titres ont été reliés par ses ordres le….du mois…. 1772.
Titre nouveau passé devant Laurent Samson notaire à Louerre au profit de Madame du CAMBOUT, abbesse de Nyoiseau, par Messire Claude Joseph René de VER, seigneur de Chapeau Trézan, à la charge de payer par chacun an 5 boisselées de bled seigle mesure de Gennes requérable du 26 octobre 1739.